La
mélodie française
Pour compléter un peu les diverses pages sur les musiciens
français du XXème siècle, n'oublions pas leurs
précurseurs. D'ailleurs, Reynaldo Hahn, Pierre Bernac et Francis
Poulenc, Paul Derenne et Henri Sauguet -par exemple- ont aussi beaucoup
interprété (et enregistré) des mélodies de
Gounod, Duparc, ...
1) Prière (Gounod -
Texte de Sully-Prudhomme, extrait des Vaines
tendresses)
Ah ! Si vous saviez comme on pleure
De vivre seul et sans foyers,
Quelquefois devant ma demeure
Vous passeriez.
Si vous saviez ce que fait naître
Dans l'âme triste un pur regard,
Vous regarderiez ma fenêtre
Comme au hasard.
Si vous saviez quel baume apporte
Au coeur la présence d'un coeur,
Vous vous assoiriez sous ma porte
Comme une soeur.
Si vous saviez que je vous aime,
Surtout si vous saviez comment,
Vous entreriez peut-être même
Tout simplement.
2) L'île heureuse
(Chabrier - Texte d'Ephraïm Mikael)
2.1) Enregistrements
conseillés
1) Par Bernac et Poulenc
2) Autre version de Bernac et Poulenc
3) Par Reynaldo Hahn (choisir "Reynaldo Hahn chante")
4) Par Paul Derenne et Henri Sauguet
2.2) Le texte
Dans le golfe aux jardins ombreux,
Des couples blonds d'amants heureux
Ont fleuri les mâts langoureux
De ta galère,
Et, caressé de doux été,
Notre beau navire enchanté,
Vers des pays de volupté:
Fend l'onde claire!
Vois, nous sommes les souverains
Des lumineux déserts marins,
Sur les flots ravis et sereins
Berçons nos rêves!
Tes pâles mains ont le pouvoir
D'embaumer au loin l'air du soir,
Et, dans tes yeux, je crois revoir,
Le ciel des grèves!
Mais là-bas au soleil,
Surgit le cher pays vermeil
D'où s'élève un chant de réveil
Et d'allégresse;
C'est l'île heureuse aux cieux legers
Où, parmi les lys étrangers,
Je dormirai, dans les vergers
Sous ta caresse!
3) Je tremble en voyant ton
visage (Debussy - Texte de Tristan L'Hermite 1601-1655)
3.1) Enregistrements
conseillés
1) Par Pierre Bernac et Francis Poulenc : sur le Masterworks Portrait
MPK 46731
2) Par Pierre Bernac et Francis Poulenc (Essential Pierre Bernac)
3) Par Bernard Kruysen et Francis Poulenc
4) Par Bernard Kruysen et Jean-Charles Richard
5) Par Paul Derenne et Henri Sauguet
3.2) Le texte
Je tremble en voyant ton visage
Flotter avecque mes désirs,
Tant j'ai de peur que mes soupirs
Ne lui fassent faire naufrage.
De crainte de cette aventure
Ne commets pas si librement
À cet infidèle élément
Tous les trésors de la Nature.
Veux-tu, par un doux privilège,
Me mettre au-dessus des humains?
Fais-moi boire au creux de tes mains,
Si l'eau n'en dissout point la neige.
4) Après un rêve
(Fauré op7 No1, 1878 - Texte de Romain Bussine)
4.1) Enregistrements
conseillés
1) Par Pierre Bernac et Francis Poulenc (Vers 1936)
2) Par Paul Derenne et Henri Sauguet (sur SOCD 126)
4.2) Le texte
Dans un sommeil que charmait ton image
Je rêvais le bonheur ardent mirage
Tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore
Tu rayonnais comme un ciel éclairé par l'aurore
Tu m'appelais et je quittais la terre
Pour m'enfuir avec toi vers la lumière
Les cieux pour nous entrouvraient leurs nues
Splendeurs inconnues, lueurs divines entrevues
Hélas! Hélas! Triste réveil des songes
Je t'appelle, ô nuit, livre-moi tes mensonges
Reviens, reviens radieuse
Reviens ô nuit mystérieuse
5) Venise (Gounod - Texte
d'Alfred de Musset avec modifications)
4.1) Enregistrements
4.2) Le texte
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
-- Ah ! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
Sous la brise amoureuse
La Vanina rêveuse,
Dans son berceau flottant
Passe en chantant;
Tandis que pour la fête
Narcisse qui s'apprête,
Met devant son miroir
Le masque noir.
Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Sur sa mer nonchalante,
Venise indolente
Ne compte ni ses jours
Ni ses amours.
Car Venise est si belle
Qu'une chaîne sur elle
Semble un collier jeté
Sur la beauté.
6) Un petit
refrain de Chabrier, tiré de son opérette l'Étoile
Le pal, le pal, est de tous les supplices,
Le princi, le princi, le
principal !
Et le plus fécond en délices !
Ce fauteuil qui n'a l'air de rien, vous semble un fauteuil ordinaire...
Et bien mon cher, ecoutez bien, c'est un fauteuil extraordinaire...
D'abord il ne dit rien aux yeux, ce n'est qu'en s'asseyant soi-meme
Que par un truc ingenieux, on en comprend tout le systeme...
Donnez vous la, donnez vous la, donnez vous la peine de vous asseoir
Mon bon ami, mon bon ami, mon bon ami, vous allez voir...
Regardez moi, sans nul effort, je vais tourner la manivelle
Et vite au moyen d'un ressort parait une tige fort belle...
Et je puis en un tour de main ici faire remonter la chose
D'un centimetre, ou dix ou vingt ! C'est une question de dose...
Donnez vous la, donnez vous la, donnez vous la peine de vous asseoir
Mon bon ami, mon bon ami, mon bon ami vous allez voir...
7) Mélodies
Passagères de Samuel Barber, d'après Rainer-Maria Rilke
(Musique américaine)
Ces mélodies ne sont pas françaises mais
américaines. Néanmoins, le cycle fut créé
dans son intégralité par Pierre Bernac et Francis
Poulenc, et utilisent un texte françaix, ce qui justifie
amplement de les mettre ici...
7.1) Puisque tout passe
Puisque tout passe, faisons la mélodie passagère;
celle qui nous désaltère aura de nous raison.
Chantons ce qui nous quitte avec amour et art;
soyons plus vite que le rapide départ.
7.2) Un Cygne
Un cygne avance sur l'eau tout entouré
de lui-même, comme un glissant tableau;
ainsi à certains instants
un être que l'on aime est tout un espace mouvant.
Il se rapproche, doublé, comme ce cygne qui nage,
sur notre âme troublée...
qui à cet être ajoute la tremblante image
de bonheur et de doute.
7.3) Tombeau dans un parc
Dors au fond de l'allée,
tendre enfant, sous la dalle,
on fera le chant de l'été
autour de ton intervalle.
Si une blanche colombe
passait au vol là-haut,
je n'offrirais à ton tombeau
que son ombre qui tombe.
7.4) Le clocher chante
Mieux qu'une tour profane,
je me chauffe pour mûrir mon carillon.
Qu'il soit doux, qu'il soit bon
aux Valaisannes.
Chaque dimanche, ton par ton,
je leur jette ma manne;
qu'il soit bon, mon carillon,
aux Valaisannes.
Qu'il soit doux, qu'il soit bon;
samedi soir dans les channes
tombe en gouttes mon carillon
aux Valaisans des Valaisannes.
7.5) Départ
Mon amie, il faut que je parte.
Voulez-vous voir
l'endroit sur la carte?
C'est un point noir.
En moi, si la chose
bien me réussit, ce sera
un point rose
dans un vert pays.
8) L'Anneau d'argent
(Chaminade - texte de Rosemonde Gerard)
8.1) Enregistrement conseille
Pierre Bernac, LP Rococo
8.2) Le texte...
Le cher anneau d'argent que vous m'avez donné
Garde en son cercle étroit nos promesses encloses;
De tant de souvenirs recéleur obstiné,
Lui seul m'a consolée; en mes heures moroses.
Tel un ruban qu'on mit autour de fleurs écloses
Tient encor le bouquet, alors qu'il est fané,
Tel l'humble anneau díargent que vous m'avez donné
Garde en son cercle étroit nos promesses enclosées.
Aussi, lorsque viendra l'oubli de toutes choses,
Dans le cercueil de blanc satin capitonné,
Lorsque je dormirai, très pàle sur des roses,
Je veux qu'il brille encor à mon doigt décharné,
Le cher anneau d'argent que vous m'avez donné.
9) Sagesse (Lazerat)
Ne soyons pas trop exigeants:
Le Bonheur n'est pas accessible
À toutes les sortes de gens!
Il faudrait être moins sensible,
ou bien avoir beaucoup d'argent...
Ne demandons pas l'impossible.
Nous devons nous trouver contents
D'être les êtres que nous sommes:
Des amoureux intermittents (bis)
Dea amoureux qui sont fous l'un de l'autre en somme
De temps en temps.
C'est déjà beaucoup d'être deux,
Deux côte à côte sur la Terre,
Deux qui peuvent souffrir entre eux
Et vivre sans trop se taire.
Et si l'on est plus exigeant,
Si l'on se sent en y songeant
L'âme encor trop célibataire,
C'est qu'on a mauvais caractère...
Ou qu'on est trop intelligent.
10) Chanson pour le petit
cheval (Severac)
Petit cheval qui m'est si cher, va promptement !
(En cours...)
11) La chanson du potier
(Beers)
Ah! Le beau le beau metier que celui de potier !
Car tout comme Dieu le Pere
Qui rend talent de la Terre
Nous tirons tirons tirons
De jolis pots ronds
Point des valses insipides
Aides de nos pieds rapides
Nous tournons tournons tournons de jolis pots ronds
Avec-que nos doigts agiles
nous avous petri l'argile
et montons montons montons de jolis pots ronds
Ah! Le beau le beau metier que celui de potier.
De ces pots ronds nous ferons de belles soupieres
Des vases et cafetieres
Des cruchons pour le vin
De grands plats pour le pain
De la belle vaisselle qu'a la moindre querelle on casse et on casse
On fracasse on casse
Ah! Le beau le beau metier que celui de potier.
Tourne tourne la sellette mouille mouille la palette
Nous tournons tournons tournons de jolis pots ronds
Quand monte monte la forme forme
Forme de la jarre enorme
Nous chantons chantons chantons de jolis pots ronds
Helas il nos faut les vendre
Et notre coeur de se fendre
Car nous les aimons aimons aimons nos jolis pots ronds
Ah le beau le beau metier que celui de potier.
Tous ces pots ronds deviendront
Vases d'etagere
Pot-au-feu pour menagere
Des cruchons pour le vin
De grands plats pour le pain
De la belle vaisselle qu'a la moindre querelle on casse et on casse
On fracasse on casse
Ah le beau le beau metier que celui de potier !
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