Kurt Weill et Lotte Lenya



I - Lotte Lenya



I.1 - Filmographie

(cf ma page de films pour plus de précisions)
L'Opéra de quat'sous, de Georg Wilhelm Pabst. Rôle de Jenny
The roman spring of Mrs. Stone, de Jose Quintero.
From Russia with Love (Bons baisers de Russie). Rôle de Rosa Klebb
The Appointment, de Sidney Lumet (1969) avec Omar Sharif et Anouk Aimée
Ten Blocks on the Camino Real. Rôle de la gitane
Semi-Tough. Role de Klara Pelf

I.2 - Quelques éléments divers

Lotte Lenya a eu quatre maris (à peu près tous décédés de crises cardiaques, sauf le dernier de qui elle a divorcé...) : Kurt Weill (mariage en 1926, mort en 1950), George Davis (mariage en 1951, mort en 1957), Russell Detwiler (mariage en 1962, mort en 1969), Richard Siemanowski (mariage en 1971, divorce en 1973). On retrouve George Davis en compagnie de Benjamin Britten et Peter Pears, Christopher Isherwood et W.H. Auden en Californie pendant la guerre. W.H. Auden était le mari d'Erika Mann, Isherwood a corrigé quelques textes de Klaus Mann et a écrit les Berlin Stories, qui ont donné ensuite la comédie musicale Cabaret (1966) dans laquelle a joué Lenya à sa création à Broadway. Précisons aussi que Klaus Mann ayant visité un jour George Davis, trouva chez lui un charmant jeune homme russe qu'il s'empressa de lui piquer...
Extraits du Journal de Klaus Mann, traduction du Livre de Poche Grasset (en italique, les passages en français dans le texte). Tomski est Thomas Queen Curtis :
    3 novembre 1938 : Cet après-midi, je suis passé chez George Davis; chez lui, un jeune Russe, Ury, avec la tête faunesque de Nijinski... Sommes allés ensemble chez Mr.Childs (du Modern Age) pour le cocktail "to honour Miss Erika Mann".
    10 novembre 1938 : Ury passe la nuit; le deuxième lit.
    12 novembre 1938 : Rendez-vous avec George D., chez son ami "Matthis". Drôle d'atmosphère, parbleu !! Un marin; un monsieur paralysé. La conversation obscène.  Un servant autrichien. Une "poule de luxe" (mâle) - pas mal. Un garçon qui         arrive, très fier d'avoir le plus grand queue des Etats-Unis. Il se déshabille; montre sa richesse. Un appartement petit-bourgeois. - Soirée grotesque, un peu macabre. - - - Des whiskies. || Ici : téléphoné avec Colin; puis, avec Ury - petit sauvage             Russe. Une voix humaine. Bien touché. Je pense à lui - et à Tomski, avant de dormir. Cette torture - d'attendre Tomski, ce fou cruel - dure trop longtemps. J'en ai marre. - - - L'autre est plus simple; plus gentil - peut-être. - Enfin j'aime encore mon     fou cruel. Mais ma tendresse pour le petit sauvage timide est grandissant... || Comment la fin de tout ça sera-t-elle ?
    19 novembre 1938 : Déjeuner avec Ury. Des tendresses, je l'embrasse, la vie est curieuse.
    26 avril 1939 : Ury : j'ai déjeuné avec Erika et lui chez Jansen. Chez moi, très beau. Tomski est arrivé plus tard - situation étrange...  Nous avons pris le thé à trois (avec les gâteaux de Charell...)
    30 avril 1939 : Ury : l'amour.

En résumé, les grands artistes du XXème siècle sont presque tous reliés par diverses données, et George Davis était bien pratique pour faire une boucle...

Voir aussi la page sur Berlin dans les années 1900 à 1933...

II - Quelques textes

1) La fiancée du pirate (texte de Bertolt Brecht)

1.1) Texte allemand

Meine Herren, heute sehen Sie mich Gläser abwaschen
Ich mache das Bett für jeden.
Und Sie geben mir einen Penny und ich bedanke mich schnell
Und sehen Sie meine Lumpen und dies lumpige Hotel
Und Sie wissen nicht, mit wem Sie reden.
Aber eines Abends wird ein Geschrei sein am Hafen
Und man fragt: Was lächelt die dabei?
Und ein Schiff mit acht Segeln
Und mit fünfzig Kanonen
Wird liegen am Kai.

Meine Herren, da wird wohl Ihr Lächeln aufhören
Denn die Mauern werden fallen hin
Und die Stadt wird gemacht dem Erdboden gleich
Nur ein lumpiges Hotel wird verschont von jedem Streich
Und man fragt: Wer wohnt Besonderer darin?
Und in dieser Nacht wird ein Geschrei um das Hotel sein
Und man fragt: Warum wird das Hotel verschont?
Und man wird mich sehen treten aus der Tür gen Morgen
Und man sagt: Die hat darin gewohnt?
Und das Schiff mit acht Segeln
Und mit fünfzig Kanonen
Wird beflaggen den Mast

Und es werden kommen hundert gen Mittag an Land
Und werden in den Schatten treten
Und fangen einen jeglichen aus jeglicher Tür
Und legen ihn in Ketten und bringen vor mir
Und fragen: Welchen sollen wir töten?
Und an diesem Mittag wird es still sein am Hafen
Wenn man fragt, wer wohl sterben muß.

Und dann werden Sie mich sagen hören. Alle!
Und wenn dann der Kopf fällt, sag ich: Hoppla!
Und das Schiff mit acht Segeln
Und mit fünfzig Kanonen
Wird entschwinden mit mir.

1.2) Traduction française de Boris Vian

On m'appelle une Marie-couche-toi là
Quand on me donne un penny
Faut encore que j'dise merci
Me v'là en habits loqu'teux
Au fond d'cet hôtel miteux
Vous n'savez pas aujourd'hui qui je suis
Vous n'savez pas aujourd'hui qui je suis

Mais un soir, un beau soir
Grand branle-bas
Les gens courent sur la rive,
Disant : Voyez qui arrive !
Et moi je sourirai pour la première fois
On dira : Voilà que tu souris, toi ?

Un navire de haut bord
Cent canons aux sabords
Entrera dans le port !

Moi toujours je laverai
Les verres et les plats
J'serai toujours une Marie-couche-toi là
Quand on m'donnera un penny
Toujours je dirai merci
J'gardrai mes habits loqu'teux
Au fond d'cet hôtel miteux
Et demain, demain comme aujourd'hui
Vous ne saurez toujours pas qui je suis !

Mais un soir, ce beau soir pour qui je vis
Voilà que les canons
S'éveilleront et tonneront
Pour la première fois, j'éclaterai de rire
Quoi méchante, t'as le coeur à rire ?

Le navire du haut bord
Cent canons aux sabots
Bombardera le port !

Alors viendront à terre les matelots
Plus de cent, ils marqueront d'une croix de sang
Chaque maison, chaque porte
Et c'est devant moi qu'on apporte
Enchaînés, implorants, mutilés et saigneux
Vos pareils, tous vos pareils, beaux messieurs !
Vos pareils, tous vos pareils, beaux messieurs !

Alors paraîtra celui que j'attends, il me dira :
Qui veux-tu de tous ces gens que je tue ?
Et moi je répondrai doucement :
Tue-les tous! Chaque tête qui tombera
Je battrai des mains, hop là !
Et le navire du haut bord
Loin de la ville où tout sera mort
M'emportera vers la vie !

Voir aussi la page sur Catherine Sauvage.